Re-Source, Bruxelles

Cette maison d'accompagnement a ouvert ses portes en octobre 2016.

Dans cette maison, nous avons interviewé :

COORDONNÉES:
re-source-delta.be
info@re-source-delta.be
Bvd du Triomphe 201, 1160 Bruxelles
0479 034 592
Directrice et Membre Fondatrice: Janik Nicodeme
Adjointe à la Direction: Debora Blitz

La maison d'accompagnement Re-Source est une asbl et est située sur le site de l'hôpital Chirec Delta.

“Re-Source a rempli mes fissures avec de l’or”

Visiteuse Magali - A participé aux cours de danse expressive proposés par Re-Source.

Magali: “L’hôpital m’a très bien soutenue. Je pouvais y voir un psychologue. Mais je n’avais pas besoin de parler. Je ne cherchais pas à exprimer quelque chose avec des mots, mais avec mon corps."

“D’entrée de jeu, ma génération associe encore le terme ‘cancer’ à la mort. J’étais donc extrêmement anxieuse. Et l’anxiété, ça s’installe très profondément en vous. Pas seulement dans votre tête, mais dans votre corps tout entier. C’est pourquoi je trouve le mouvement si important.” 

"J’ai regagné mon corps."

“Je crois que la chimiothérapie modifie toutes les cellules du corps. Grâce à la danse expressive à laquelle je me suis adonnée chez Re-Source, mon corps a pu écouter toutes ces cellules. Car danser, ça peut être aussi suivre un rythme avec un seul doigt. Ou: s’allonger sur le sol et faire de très petits mouvements. Des micromouvements. Vous découvrez ainsi peu à peu ce que votre corps est encore ou à nouveau capable de faire. Vous réapprenez à l’utiliser. Ce corps qui était devenu votre ennemi. Parce qu’il vous a laissé tomber. Merde, dis!”

Magali: "Pendant la danse expressive, toutes les parties de mon corps recommençaient à bouger ensemble. Je n’étais plus réduite à mon bras malade et à cette cicatrice sur ma poitrine."

“En dansant, vous persuadez votre corps d’oser bouger à nouveau, malgré la peur qui est toujours là. Chez le kiné, vous ne pouvez pas obtenir cet effet-là. Un kiné se focalise sur les parties du corps qui ont été lésées. Dans mon cas: un bras que je ne pouvais plus bouger normalement, parce que j’avais subi une mastectomie. Pendant la danse expressive, toutes les parties de mon corps recommençaient à bouger ensemble. Mon corps ne faisait plus qu’un. Je n’étais plus réduite à mon bras malade et à cette cicatrice sur ma poitrine. J’ai regagné mon corps. J’ai

réappris à l’aimer.”

“Quand Arno est mort, je l’ai réécouté. ‘Elle pense quand elle danse’. Je mélange ça avec la maxime ‘Je pense, donc je suis.’ C’est ainsi que j’arrive à: ‘Je suis quand je danse’.

"Pour surmonter ce cancer, j’ai eu besoin de cette maison autant que de la chimio."

“À mes yeux, les traitements médicaux et l’hôpital sont en lien avec la mort. Dans cette maison, mon corps a de nouveau été abordé de manière positive. Ici, tout tourne autour de la vie."

“Pour moi, Re-Source a été une étape essentielle, un sas, sur le chemin du retour à ‘la vraie vie’. Je ne sais vraiment pas comment j’aurais pu en revenir à cette vie normale sans Re-Source. On ne demande pas à un bébé qui ne sait pas encore marcher de se mettre à courir. Pour surmonter ce cancer, j’ai eu besoin de cette maison autant que de la chimio. Ce sont les deux jambes sur lesquelles je me suis appuyée. Ensemble, elles m’ont sauvé la vie.”

“Quand on casse de la porcelaine, on la recolle et on essaie de camoufler les lignes de fracture le mieux possible. Au Japon, ils remplissent les fissures avec de l’or. C’est aussi ce que fait Re-Source. Ma reconnaissance éternelle pour cela.”

Magali: “En dansant, vous persuadez votre corps d’oser bouger à nouveau, malgré la peur qui est toujours là."

Ici, on est bien entouré, parfois au sens propre du terme”

Visiteuse Carine - Chez Re-Source, elle a découvert le qi-gong

Carine: “Quand je suis venue ici pour la première fois, je traversais une période difficile, avec beaucoup de douleur. Physique et mentale. J’étais aussi très anxieuse – je redoutais la rechute. Et j’étais fatiguée. Si fatiguée."

“Je me suis inscrite au qi-gong, une forme de gymnastique douce, basée sur le travail du souffle et la circulation de l'énergie. Une méditation en mouvement, pour ainsi dire. Christophe, le professeur, nous a proposé des exercices très simples, qui m’ont tout de suite fait beaucoup de bien. Mes angoisses, qui me perturbaient tant, ont disparu. Je me suis sentie si légère."

“Après quelques cours, je me suis réveillée à la maison, de nouveau très fatiguée et anxieuse. Je me suis mise au milieu de mon salon, et j’ai fait un des exercices de Christophe. À chaque inspiration, je sentais mon niveau d’énergie augmenter; et, à chaque expiration, ma fatigue et mon anxiété s’estompaient. Grâce au qi gong, j'ai pu me reconnecter à mon souffle avec sérénité. Le souffle sur lequel je peux porter mon attention pour revenir au calme dans les moments de turbulence. Faire de ma respiration une alliée, un point d'ancrage et de sécurité plutôt qu'une source de stress. Pour quelqu'un qui souffre d'un cancer du poumon, c'est particulièrement important."

"Grâce au qi gong je fais de ma respiration une alliée."

“À l’hôpital, dans une première phase, j’ai bénéficié de traitements curatifs. Dans ma tête, j’avais un moral de guerrière. Nous allions éradiquer ce cancer jusqu’à la dernière cellule. Mais, au bout de deux ans, le médecin m’a annoncé que nous allions devoir passer à un traitement stabilisateur. Autrement dit, j’allais devoir apprendre à vivre avec ces cellules cancéreuses – un message très dur pour moi."

“Un peu plus tard, je me suis souvenue de quelque chose que j’avais moi-même écrit lors d’une activité de quartier. Il s’agissait de plantes. J’estimais que rien ne nous obligeait à détruire le moindre puceron. J'écrivais que plutôt que de combattre les pucerons à l'arme chimique en cherchant à tous les éliminer, une alternative est de booster le terrain avec du compost, pour rendre la plante plus forte et résistante aux attaques de pucerons. Tout à coup, je me suis rendue compte que, dans mon corps, c'était pareil."

Carine: "Je suis maintenant sous traitement depuis six ans. Mais je me sens très en forme. Je suis si reconnaissante à Re-Source."

"J'ai commencé à considérer mes cellules cancéreuses comme des pucerons avec lesquels je peux cohabiter à condition de bien prendre soin de mon corps. C’est ce que je fais avec le qi-gong. Chaque matin, je commence par quelques exercices. Ça fait désormais partie de mon hygiène de vie."

“Je suis maintenant sous traitement depuis six ans. Mais je me sens très en forme. Je suis si reconnaissante à Re-Source. De m’avoir fait découvrir le qi-gong. Et tout simplement d’exister. J'élève ma fille seule. C'est à la fois un moteur qui aide à tenir le coup, mais c'est aussi une source d'inquiétude et d'épuisement nerveux car on cherche le plus souvent à protéger ceux qu'on aime. A penser aux autres, on s'oublie un peu soi-même donc

avoir un soutien extérieur, hors sphère familiale ou amicale, est quelque chose de vraiment précieux."

"Je me souviens qu'un jour, je suis arrivée ici avec de mauvaises nouvelles à propos de ma santé. Les autres se sont littéralement regroupés autour de moi. J’en ai la chair de poule quand j’y repense. En un pareil moment, on est bien entouré, au sens propre du terme."

“Je ne viens ici que pour participer à des activités, jamais dans le seul but de m’épancher. Mais je pourrais passer ici pour parler si j’en ressentais le besoin. Le seul fait de savoir que cette possibilité existe fait vraiment la différence.”

“Dans cette maison, je me suis sentie comprise”

Visiteuse Déborah a suivi chez Re-Source différents ateliers, sur l’hormonothérapie et la reprise du travail. 

Déborah: “À cause de la chimio, j’avais très mal aux pieds. Pour certains, cet inconvénient n’est qu'un effet secondaire. Pour moi, c’était une réaction insupportable. Je n’ai pas de vie secondaire."

“Avec mes douleurs dentaires, c’était encore pire: elles ne figuraient pas du tout sur la liste des effets secondaires. J’ai donc dû me débrouiller toute seule. Chaque fois que je me cognais à ce genre de mur, je gardais mon calme. Mais, à la maison, je pleurais pendant des heures."

“Dès ma première visite chez Re-Source, je me suis sentie comprise. Mon histoire a été immédiatement prise au sérieux, même si personne n’avait de solution toute faite. ‘Nous allons chercher avec toi’, m’a-t-on dit. Du coup, ma solitude m’a paru moins intolérable."

"J’ai également reçu diverses propositions d’activités auxquelles je pouvais m’inscrire. Mais, en raison de mon statut d’indépendante, j’étais confrontée à des problèmes financiers. ‘Aucune importance', m’a-t-on dit, 'tu es la bienvenue!’ J’ai eu l’impression qu’on me branchait à une bouteille d’oxygène."

“J’ai suivi des ateliers sur l’hormonothérapie. Une thérapie que, pour ma part, je supportais mal. La ménopause artificielle dans laquelle j’ai été plongée s’est accompagnée d’une violence physique impitoyable. Comme un tgv qui rentre dans un mur. Mon moral en a été gravement affecté. J’ai dû prendre des antidépresseurs. J’étais profondément ébranlée."

Déborah: "J’étais confrontée à des problèmes financiers. ‘Aucune importance', m’a-t-on dit, 'tu es la bienvenue!’ J’ai eu l’impression qu’on me branchait à une bouteille d’oxygène."

“11 femmes de tous âges participaient aux ateliers sur l’hormonothérapie. Comme premier exercice, nous avons dû mettre par écrit tout ce que le terme ‘hormonothérapie’ nous évoquait. Lorsque nous avons rassemblé nos notes, nous avons constaté avec stupéfaction combien elles étaient semblables. Alors que nous n’avions pas encore échangé un mot. Jusqu’alors je croyais que j’exagérais ou – qui sait – que j’étais dingue. Mais là, j’ai vu que tout correspondait. Et ça m’est apparu comme un nouveau départ. Ça m’a donné beaucoup de courage. Maintenant, au moins, nous regardions la réalité en face. C’est indispensable pour pouvoir chercher des solutions."

"Un médecin est venu nous expliquer en détail ce que cette thérapie faisait à notre corps. Il y a consacré toute une matinée."

“Très important également, un médecin est venu nous expliquer en détail ce que cette thérapie faisait à notre corps.

Pas en vitesse entre la poire et le fromage: il y a consacré toute une matinée. Si on ne comprenait pas du premier coup, on pouvait lui demander de répéter. De plus, l’explication du médecin était très visuelle. Dès ce moment, j’ai commencé à comprendre ce qui m’arrivait, et j’ai pu rechercher les moyens de soutenir mon organisme.”

“Un autre atelier qui m’a ouvert les yeux est celui sur la reprise du travail. Nous avons dû répondre à des questions sur notre rythme. Si vous retourniez travailler quelque part, souhaiteriez-vous une semaine de 4 ou de 5 jours? Et combien d’heures par jour?"

"Bien sûr, je savais déjà que je n’avais plus le même niveau d’énergie qu’auparavant. Et pourtant. C’est seulement en répondant à ces simples questions que je me suis rendu compte que tenter de reprendre mon ancien job serait une mauvaise idée. Cet exercice était une invitation à récolter la sagesse acquise au cours des deux années précédentes. Quel cadeau!”