Het Majin Huis, Gand

Cette maison d'accompagnement est ouverte depuis juin 2019 et est située dans le centre de Gand. 

Dans cette maison, nous avons réalisé une interview avec:

COORDONNÉES:
www.majinhuis.org
info@majinhuis.org
Sint-Elisabethplein 7, 9000 Gent
0479 16 15 08
Coordinateur: Els Van den Driessche

Josephine: "Je me sentais comme une simple patiente, qui remettait son destin entre leurs mains. Je voulais en faire plus. Que pouvais-je faire moi-même?"

"Ici, je peux être vraiment moi-même"

Visiteuse Manuella – Bénéficie du soutien psychosocial à Het Majin Huis

Manuella: “Oui, je viens ici pour le soutien psychosocial. Mais ce terme est si lourd! Moi, à Het Majin Huis, j’ai plutôt l’impression de bavarder un peu. Je parle avec un psychothérapeute, mais mes séances me semblent beaucoup plus légères que chez l'oncopsychologue de l'hôpital. C’est grâce à l'emplacement de Het Majin Huis, loin de l'hôpital. Ici, je n'ai pas à parcourir un long couloir plein de malades, d’infirmières et de médecins. Et je ne dois pas non plus patienter dans une salle d'attente.

Manuella: "A l'hôpital on se sent comme un patient. C’est ce que je suis, d’ailleurs, mais à Het Majin Huis, je n'ai pas ce sentiment."

Aujourd'hui, les hôpitaux s'efforcent de créer une atmosphère plus chaleureuse. La salle de réunion est équipée de sièges confortables, les murs sont décorés. Mais ça reste un hôpital. On s'y sent comme un patient. C’est ce que je suis, d’ailleurs, mais à Het Majin Huis, je n'ai pas ce sentiment.

Dès mon arrivée, une bénévole me propose du café. Et rien ne m’oblige à parler du cancer, même pendant le soutien psychosocial. Ainsi, je suis actuellement aux prises avec un problème qui n’a pas grand-chose à voir avec le cancer, même si, bien entendu, la maladie se profile toujours à l’arrière-plan.  Ici, je peux en discuter. À l'hôpital, j’hésiterais à aborder ce sujet, parce qu’il n’est pas vraiment lié au cancer.

J'ai vraiment besoin de mes entretiens à Het Majin Huis. Je n'ai pas toujours envie de raconter à mes proches tout ce qui me passe par la tête. Mes parents ont déjà assez de mal à accepter que leur fille ne puisse plus guérir! Je ne veux pas leur rendre les choses encore

"Ici, je peux me confier à quelqu’un qui me soutient tout en gardant une certaine distance."

plus difficiles en leur détaillant mon combat quotidien. Et je n'en parle pas non plus constamment à mon compagnon, je ne veux pas d'une relation qui ne tourne qu’autour du cancer. Ici, je peux me confier à quelqu’un qui me soutient tout en gardant une certaine distance, et c’est très précieux pour moi.

En principe, je pourrais aussi aller voir un psychologue en cabinet privé, mais est-ce que je trouverais quelqu'un qui ait la bonne expertise ? Et le cadre serait aussi plus formel. À Het Majin Huis, ils connaissent à fond le thème du cancer et le cadre est super confortable. J'ai presque l'impression d'être chez moi. Du coup, je me sens très à l'aise, et c’est nécessaire pour être vraiment soi-même."

Pendant l’atelier créatif, on peut s’exprimer sans mots"

Tine Germer - Encadre des ateliers créatifs et est hôtesse à Het Majin Huis

Tine Germer: “Pendant l’atelier créatif, les participants peuvent mettre momentanément de côté les soucis liés à leur cancer. Au cours de cette activité, l'attention se porte sur les mains, les doigts, la vue, les sens.

Quand on se livre ensemble à une activité créative, on ne se regarde pas constamment dans les yeux. Mais, parfois, le cocon ainsi produit facilite la conversation. J'essaie également de créer un endroit et une atmosphère où les gens se sentent à l’aise et en sécurité. Ce qui se dit dans cet espace n’en sort pas.

“Nos ateliers créatifs ont une intention thérapeutique, mais nous les gardons ludiques.”
Tine: "Quand on se livre ensemble à une activité créative, on ne se regarde pas constamment dans les yeux. Mais, parfois, le cocon ainsi produit facilite la conversation."

D’un autre côté, il n’est pas question de forcer les gens à parler. La créativité peut justement être un moyen de s'exprimer sans mots. Même si nos ateliers créatifs ont une intention thérapeutique, nous les gardons ouverts et ludiques, sans rien imposer. Notre objectif est d’inspirer. Chaque participant crée à sa manière. Peu importe ce qui sort d'un tel après-midi. C'est le processus qui compte.

Par ailleurs, il est essentiel que les visiteurs de Het Majin Huis rencontrent d'autres personnes qui se trouvent dans une situation similaire. Ils se rendent compte que les autres gèrent parfois les mêmes difficultés d'une manière complètement différente. Ça peut être une sorte de révélateur, comme s’ils se regardaient dans un miroir. Sinon, on est souvent piégé dans son propre petit monde, prisonnier de la spirale de ses pensées.”

"Le taï-chi et le yoga restauratif  m’aident à reprendre confiance dans mon corps”

Visiteuse Joséphine – Suit les cours de taï-chi et de yoga restauratif à Het Majin Huis

Joséphine: “Pendant ma chimio, j’ai pensé qu'il était important de continuer à bouger. Un jour, je me rendais chez un ami, et tout à coup, une dame avec une déambulateur m'a rattrapée! Mais je me suis tout de suite dit: je suis quand même en train de bouger. En continuant, j'espérais me remettre plus tôt au sport. Je joue au frisbee dans un club depuis 15 ans.

Josephine: "Le taï-chi et le yoga restauratif sont axés sur le respect de mes limites: percevoir en douceur jusqu’à quel point je peux pousser mon corps, puis l’étirer lentement, afin de lui apporter quelque chose."

Après ma radiothérapie, j'ai recommencé à courir. Au bout de quelques mois, je courais de nouveau 7 kilomètres. Mais alors, ma hanche a commencé à me faire mal. Physiquement, j'étais déséquilibrée, peut-être à cause des nombreux traitements que j'avais déjà subis. Je suis passée d'un kinésithérapeute à l’autre. Chaque fois, le traitement m’a aidée. Pourtant, quelque chose me rongeait. Je me sentais comme une simple patiente, qui remettait son destin entre leurs mains. Je voulais en faire plus. Que pouvais-je faire moi-même ?

Je me suis d’abord adressée à un centre de yoga. Mais les responsables ne travaillaient pas spécifiquement avec des personnes atteintes du cancer et je me suis retrouvée dans un grand groupe. Il m’était difficile d’obtenir l'aide dont j'avais parfois besoin. Ensuite, à Het

"Ici, si un exercice s’avère impossible pour toi à cause du traitement contre le cancer, l'enseignante l’adapte."

Majin Huis, j'ai découvert le yoga restauratif, une forme de yoga qui ne nécessite pas d'effort physique intense. Et ici, demander de l'aide n’est pas un problème. L'enseignante est très accessible. Si un exercice est trop difficile, elle vous corrige avec beaucoup de douceur. Et, si un autre exercice s’avère impossible à cause du traitement contre le cancer, elle l’adapte. De plus, je trouve du soutien dans le fait que les autres participants ont également une expérience du cancer. Pendant le cours, même le silence joue un rôle de connexion.

"Je trouve du soutien dans le fait que les autres participants ont également une expérience du cancer. Pendant le cours, même le silence joue un rôle de connexion."
Josephine

De plus en plus, j’ai conscience du combat déjà mené par mon corps contre les tumeurs. Je veux donc le traiter avec prudence. Pour moi, le yoga restauratif, c’est faire attention à mon corps au repos. Depuis mon opération, j’ai tendance à courber les épaules quand je marche. Durant les séances de yoga, j'apprends à ouvrir ma poitrine. Et j’en ressens immédiatement l'effet bénéfique.

J'ai aussi essayé le taï-chi. Pour moi, le taï-chi, c’est se mouvoir de manière consciente. Quand je marche ou que je fais du vélo, je me dis parfois: dépêche-toi de gravir cette montagne. Même quand il m’arrive d’avoir mal, je persévère.

En de tels moments, je pense à peine à ce qui se passe réellement dans mon corps. Le taï-chi et le yoga restauratif sont axés sur le respect de mes limites: percevoir en douceur jusqu’à quel point je peux pousser mon corps, puis l’étirer lentement, afin de lui apporter quelque chose.

Après la chimio, mon corps m’apparaît parfois comme un fardeau, car il y a certaines choses que je ne parviens plus à bien faire. Le taï-chi et le yoga restauratif m’aident à reprendre confiance en lui. Il s'agit d'accepter ce qui n'est plus possible et de redécouvrir ce qui l’est encore.”