La Vie-là, Ottignies

Cette maison de ressourcement est ouverte depuis 2013.

Dans cette maison, nous avons réalisé une interview avec:

COORDONNÉES:
https://www.lavielaottignies.org
lavielaottignies@gmail.com
3, Rue du Roi Chevalier, 1340 Ottignies-LLN
010 40 27 14
Coordinatrice: Muriel Desmet

Co-fondatrice Marie-Paule Meert à l'entrée de La Vie-là.

"Comme si j’avais pris une semaine de vacances"

Claire a été confrontée au cancer du sein à deux reprises. Pour elle, les massages thérapeutiques de La Vie-là se sont révélés essentiels.

Claire: “Mon premier diagnostic de cancer du sein remonte à 2013, un an et demi après le décès de mon mari. J’étais là, toute seule, avec quatre jeunes adolescents. L’oncologue m’a parlé de cette maison”.

Légèreté

“J’ai commencé par participer à un atelier de cuisine. Quand on râpe des carottes, ou qu’on coupe des fleurs au cours d’un atelier floral, on est concentré sur quelque chose de créatif. On en vient à oublier la maladie pour un agréable moment. Et, parfois, on rit beaucoup. J’ai été surprise de la joie qui régnait dans cette maison, de la légèreté ambiante.”

“Mes enfants étaient rassurés de savoir que j’avais accès à un endroit où les gens se préoccupaient de moi. Et puis, eux aussi se rendaient compte qu’après une visite à La Vie-là, je rentrais à la maison plus forte, avec plus d’énergie.”

 “En 2021, j’ai dû annoncer à mes enfants que le cancer était revenu, encore plus agressif que la première fois. Je tenais à rester une source d’inspiration pour eux. Si dure que soit la vie, il ne faut pas céder au découragement: c’est ça que je voulais leur témoigner. Tous ces traitements valaient la peine d’être suivis, et j’étais bien décidée à accepter tous les soins qui pourraient m’y aider.”

Claire: "Mes enfants étaient rassurés de savoir que j’avais accès à un endroit où les gens se préoccupaient de moi."

Ballon d’oxygène

“Très vite, j’ai su que j’aurais à nouveau besoin de cette maison, mon ballon d’oxygène. Huit ans après ma première visite, j’ai tout de suite retrouvé cette légèreté. Pourtant, à La Vie-là, on pleure souvent. Mais, la plupart du temps, ce ne sont pas des larmes de chagrin. On pleure parce qu’ici, on peut lâcher prise, se libérer de ce qui est lourd et difficile. Ici, on trouve des personnes formidables qui écoutent vraiment ce qu’on dit.”

“À La Vie-là, on peut profiter d’activités ressourçantes. Ça aide à mieux supporter chaque étape du traitement. Pour moi, les massages thérapeutiques se sont révélés essentiels, un cadeau que je pouvais offrir à mon corps si malmené. Ça me faisait du bien de recevoir toute cette douceur. D’être touchée avec un si grand respect. Après un tel massage, je me sentais reconnectée à chaque millimètre de mon corps.”

"J’ai été surprise de la joie qui régnait dans cette maison."

 

Tant de douceur

“Pendant un certain temps, j’ai été dépendante de tout le monde pour tout. Je ne pouvais même pas faire une petite promenade. Mais, chaque fois que j’ai pu retourner à  La Vie-là, grâce à quelqu’un qui m’y a amenée, j’ai eu plus de force pour me lever le matin, choisir un foulard, me maquiller. À chaque visite dans cette maison, c’était comme si j’avais pris une semaine de vacances.”

“Je ne m’en serais pas sortie de la même manière si je n’avais pas été entourée de tant de douceur, surtout ici, à La Vie-là. J’en éprouve une gratitude infinie.”

“La Vie-là m’a sauvé la vie”

Pour Dana, les soins reçus à La Vie-là ont été si décisifs qu’elle veut maintenant lancer, en Roumanie, sa propre maison de ressourcement pour les personnes atteintes d’un cancer.  

Dana: “Mon mari travaille à Bruxelles, pour la Commission européenne. Fin 2019, je l’ai rejoint en Belgique avec nos deux enfants. Une nouvelle vie dans une nouvelle culture avec une nouvelle langue. Ce n’était pas facile. Et puis, la pandémie de Covid-19 a éclaté.”

“Lorsque nous avons enfin pu retourner en Roumanie, j’ai passé un bilan de santé. Qui a révélé un cancer du sein.”

“J’ai décidé de me faire soigner en Belgique, parce que mes enfants allaient à l’école ici. Mais je savais que, du coup, je me condamnais à être souvent seule. Je ne connaissais pas encore grand monde.”

M’ouvrir aux autres

“Au début, je me suis dit que je n’aurais pas besoin de La Vie-là. Mais ensuite, j’ai pensé à ma grand-mère, la femme la plus forte qu’on puisse imaginer. Toujours la première à retrousser ses manches. J’avais un choix à faire: ou bien je restais à me lamenter sur le canapé, en regrettant le passé, ou bien je me tournais vers l’avenir. Mais, toute seule, je n’y arriverais pas. Il ne me restait plus qu’à m’ouvrir aux autres. Comment faire partie d’une communauté si je me repliais sur moi-même?”

 

Dana: "Une maison comme celle-ci offre une nouvelle perspective aux personnes atteintes d’un cancer. Tout à coup, on ne se sent plus acculé, comme si on souffrait d’une maladie contagieuse."

“Quand j’ai frappé à la porte, j’avais le coeur serré. Mais je n’ai pas tardé à me rendre compte que, dans cette maison, pour la première fois, j’étais vraiment vue et entendue. Je n’étais pas un numéro. Et le cancer, les gens d’ici savent ce que c’est. Il en résulte un flux d’informations particulièrement encourageant.”

"Combien de fois suis-je repartie d’ici en riant, alors que j’y étais arrivée en pleurant?"

 

Deuxième famille

“Les activités physiques, comme les massages thérapeutiques, m’ont aidée à mieux dormir à la maison et à mieux manger après la chimio. Les activités mentales m’ont aidée à m’exprimer. Et la sophrologie m’a aidée à me calmer.”

“Les gens de La Vie-là sont devenus ma deuxième famille. Parfois, je me sens déprimée. Alors, je viens ici et je pleure. Parfois, au contraire, je me sens bien. Alors, je viens ici et je soutiens les autres.”

Nouvelle perspective

“Une maison comme celle-ci offre une nouvelle perspective aux personnes atteintes d’un cancer. Tout à coup, on ne se sent plus acculé, isolé, comme si on souffrait d’une maladie contagieuse. On peut à nouveau voir des gens et faire des choses. ”

“Les gens de La Vie-là m’ont relevée, comme un petit enfant tombé par terre. Ils m’ont tendu la main, afin que je puisse refaire un premier pas, puis un deuxième. Combien de fois suis-je repartie d’ici en riant, alors que j’y étais arrivée en pleurant ? Pour moi, le soutien apporté ici n’a pas seulement été bénéfique, mais vital. La Vie-là m’a sauvé la vie.”

“En Roumanie, les soins médicaux sont excellents. Mais nous n’avons pas de maison comme La Vie-là. Je veux transférer ce modèle là-bas. Avant mon cancer, je n’avais plus de rêve. Maintenant, j’en ai un.”

“Ici, j’ai pu laisser éclater ma colère”

Tantôt furieuse de ce qui lui arrivait, tantôt reconnaissante de la douceur des massages thérapeutiques – à La Vie-là, Coline a connu des montagnes russes d’émotion.

Coline: “Sur la piste de danse avec des amis, c’est là que vous auriez dû me trouver. Pas dans une maison de ressourcement pour les personnes atteintes d’un cancer. J’avais 26 ans! Et on m’avait diagnostiqué un cancer de la gorge, une forme de cancer habituellement réservée aux hommes âgés qui ont fumé toute leur vie. Bien sûr que j’étais furieuse. Je débordais de colère.”

“Ici, on n’a pas essayé de me calmer. Ni de m’encourager à relativiser. Ici, on m’a dit: ‘Nous t’entendons’, ‘Nous te comprenons’, ‘Tu as le droit d’être en colère’. (Avec un petit sourire.) Du coup, ma colère a baissé d’un cran.”

Faire quelque chose

“Le type de cancer dont je souffrais était aussi extrêmement douloureux. Et, en raison de mon jeune âge, il exigeait un traitement hyper agressif. Les premières fois que je suis venue ici, j’étais une véritable épave. J’avais perdu seize kilos, je ne dormais plus, je n’avais plus de cheveux. Mon corps n’était plus qu’une chose à laquelle on administrait un traitement contre le cancer. Je ne faisais plus rien. Je me contentais de survivre.”

Coline: "Ici, on m’a dit: ‘Tu as le droit d’être en colère.' Du coup, ma colère a baissé d’un cran."

“Et puis, je me suis rendu compte que, dans cette maison, je pouvais encore faire quelque chose: passer pour un massage. Je pouvais à nouveau partir de chez moi avec un objectif. Pour aller ailleurs qu’à l’hôpital. Car, si l’encadrement médical y est incroyable, le personnel manque, le temps aussi et il y fait froid.”

En douceur

“La Vie-là a réinjecté un peu d’humanité dans mon parcours de malade.  Les massages thérapeutiques m’ont fait un bien fou. Mon corps, qui avait déjà subi tant de violences, a enfin pu se réhabituer à la douceur.”

“Ces massages sont réalisés par des personnes dont c’est la profession, mais qui donnent gratuitement une partie de leur temps.  À des gens qu’elles ne connaissent pas. C’est comme ça : des êtres humains qui s’occupent les uns des autres, de génération en génération. Je n’ai jamais vu un endroit pareil. L’atmosphère ainsi créée est joyeuse et légère. L’ambiance est tournée vers la vie.”

"La Vie-là a réinjecté un peu d’humanité dans mon parcours de malade."

 

Zéro hiérarchie

“Dans cette ambiance légère, les bénévoles vous abordent sur un pied d’égalité, sans rapport hiérarchique. De personne à personne, tout simplement. Ce n’est pas le cas à l’hôpital, parce que là, ce sont les médecins qui savent ce qu’il convient de faire. Le patient remet sa vie entre leurs mains.”

“Je ne sais pas comment les hôtesses d’accueil font, mais elles retiennent tous les prénoms. Si vous leur parlez d’un traitement que vous devez subir, elles vous demandent la fois d’après comment ça s’est passé. Je ne crois pas que les bénévoles d’ici aient conscience de ce qu’elles représentent pour les personnes atteintes d’un cancer. Si je n’avais pas eu La Vie-là, je n’aurais pas survécu.”